shark attack & USS Indianapolis

 

 

L'Odyssée de l'USS Indianapolis et du I-58

est entièrement reprise dans le roman "MATAPAN"

 

Pour la première fois , cette tragédie historique est envisagée autant sous l'angle

Japonais ( Mochitsura Hashimoto ) que Américain (Capitaine McVay)

 

ci-dessous : Extraits

 

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L’USS Indianapolis (CA-35), était un croiseur de classe Portland appartenant à l'United States Navy. Il est resté célèbre pour les circonstances de son naufrage qui fut le plus meurtrier de l'histoire de la marine militaire américaine.

 

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  L'USS Indianapolis a quitté San Francisco le 16 Juillet 1945. Après une escale  à Pearl Harbor le 19 Juillet, il atteint l'île de Tinian le 26 Juillet afin d'y déposer dans le plus grand secret les bombes Little Boy et Fatman, les deux gadgets atomiques qui devaient changer le cours de la guerre quelques jours plus tard à Hiroshima et Nagasaki.L'Indianapolis a ensuite été envoyée à Guam pour la relève de l'équipage. Parti le 28 Juillet de Guam, il a commencé à naviguer vers Leyte où son équipage devait recevoir une formation avant de continuer vers Okinawa pour rejoindre le vice-amiral Jesse Oldendorf Groupe d 'étude 95.

  

Little Boy (anglais pour « petit garçon ») est le nom de code de la bombe atomique qui fut larguée sur Hiroshima au Japon le 6 août 1945 par le B-29 Enola Gay de l'armée américaine. Elle fut la première bombe atomique utilisée de manière offensive.

  

Nagasaki

« Fat Man » est le nom de code de la bombe atomique qui fut larguée sur Nagasaki au Japon le 9 août 1945 par l'armée américaine. C'est la deuxième et dernière bombe de ce genre utilisée de manière offensive. Le nom de « Fat Man » (gros bonhomme) fait référence de manière caricaturale à Winston Churchill.

  

Fat Man

Faisant route en solitaire vers le golfe de Leyte aux Philippines, le commandant stoppe sa navigation en zigzag à cause de l’extrême mauvaise visibilité et tient tout droit son cap à 25 nœuds. A 23h05, un sous-marin Japonais, le I-58 en route vers le Sud, fait surface pour un contrôle radar. Sur son kiosque, le Lieutenant Tanaka aperçoit à 11000 mètres par son travers, un navire Américain. Le commandant  Mochitsura Hashimoto rapidement identifie ce vaisseau comme un cuirassé de la classe Idaho.

  

Dans le bruit assourdissant de la salle des machines, il ordonne la plongée et c’est avec surprise, qu’il constate que sa proie navigue sans tirer de bords, négligeant  toutes les consignes de sécurité militaire.   

 

KaitenMission

A son bord il dispose de six Kaiten : Six torpilles habitées. Tandis que les dieux du vent, les kamikazes, aux commandes de leurs Mitsubishi Zéro, s’écrasaient quotidiennement sur les navires Américains et alliés du pacifique, les torpilles Kaiten était guidés par un pilote prenant place dans un fuselage d’un mètre de diamètre et armant manuellement, à proximité de la coque ennemi,  la tonne d’explosifs embarqués. Les chances de survie des Kaiten, étaient égales à zéro, même en cas d’échec, l’engin n’autorisait aucun retour vers son navire mère. La catapulte de l’I-58, positionnée près du kiosque, permettait l’éjection de six torpilles habitées. Une semaine plus tôt, le 24 juillet,  son homologue du I-53 avait envoyé par le fond le destroyer  USS Underhill, torpillé par quatre Kaiten. De plus, l’Indianapolis, mal équipé, n’avait pas détecté la présence du sous-marin. Il  demanda de faire préparer et armer les Kaiten N° 5 et 6.

  

L’I-58 fonçait sur sa cible. La nuit était noire et le commandant se mit à douter de l’efficacité des Kaiten. Equipés de courts périscopes de 2.90 mètres, il jugea que les pilotes des ces torpilles humaines ne trouveraient pas leur cible. Il opta donc pour un tir classique et en fit l’annonce à l’équipage.  

 

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Nakai Akira et Shiraki Ichiro avaient déjà prononcé leur haïku, dernière note poétique avant leur sacrifice. Cette petite poésie de trois lignes, clamée à voie haute dans un seul souffle, symbole de leur attachement à la vie et à l’empereur, se devait de leur apporter le détachement et la sérénité dont ils auraient besoin face à la mort. Chacun répéta deux fois le court poème écrit par ses soins.

  

 Puis, une fois bien serré sur la tête, le hachimaki et bien attaché autour de la taille, le senninbari, ils s’accordèrent le cérémonial de la tasse d’alcool de riz, véritable rituel de purification. Ils s’apprêtaient à rejoindre leurs torpilles quand un grondement sembla monter des coursives du submersible. Les deux hommes se firent confirmer le contre-ordre par les marins affectés aux tubes lance-torpilles. L’équipage était nerveux, le sous-marin était neuf et n’avait pas encore fait toutes ses preuves.

  

Déjà, la veille, ils avaient essuyé les tirs d’artillerie de trois pouces du cuirassé USS Lowry, deux explosions avaient secoué la coque et les Kaiten N°1 et N°2 furent perdus sans infliger de dégâts notables à l’ennemi. Le commandant convoqua sans attendre le Lieutenant Suzuki.

  

Mochitsura Hashimoto savait de quoi il parlait, et sous son calme apparent, il était un soldat d’expérience. Fils d’un prêtre shintoïste, il opta très tôt pour une carrière militaire. En 1941, alors officier torpilleur du sous-marin I-24, il participa à l’attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre. A 3h30, soit plus de quatre heures avant le raid aérien, il catapulta l’un des cinq sous-marins de poche qui avaient pour mission de pénétrer dans la rade d’Hawaii. Le HA-19, petit submersible de 46 tonnes, avec deux marins à bord se devait d’entrer discrètement dans la baie puis, de contourner par l’est Ford Island, l’îlot central de la rade en occasionnant un maximum de dégâts à la flotte Américaine et enfin de ressortir par le même chemin. Armé de deux tubes lance-torpilles et d’une charge autodestructrice pouvant ainsi transformer le sous-marin en Kaiten, le lieutenant Kazuo Sakamaki se dirigeait vers Pearl Harbor situé à 10,5 miles. Après de rocambolesques péripéties, le HA-19 s'échouera sur la plage de Waimalano (face à la future résidence du héros du feuilleton Magnum) sans accomplir sa mission et sans tirer une seule torpille.

 

  

Le commandant Mochitsura Hashimoto aujourd’hui, ne prendra aucun risque avec les minis sous-marins. Afin de sécuriser son tir, il fit progresser son vaisseau droit sur le cuirassé. Arrivé à 4400 mètres de sa cible, l’Indianapolis entama alors un long virage sur bâbord. Aussitôt, le commandant Hashimoto se rendit compte qu’il passerait si près de sa proie qu’il n’aura pas techniquement le temps de faire armer ses torpilles. Il ordonne alors au Lieutenant Suzuki de contourner l’USS Indianapolis dans un grand cercle. A 23h26, à 1650 mètres de distance, l'angle sur l'étrave de l'Indianapolis est de 60 degrés sur tribord. Il fit armer ses six tubes lance torpilles de 533mm et ordonna le tir. Réglés pour une profondeur de quatre mètres et un intervalle de tir de deux secondes, les tubes crachèrent leur venin.  

 

Les secondes, dans le silence et les craquements de la pression sur la coque, dans le suintement des tubes et tuyaux,  s’égrenaient, interminables pour le commandant et l’équipage. Mochitsura Hashimoto était confiant, il savait que ses missiles sous-marins propulsés à l’oxygène étaient les meilleurs de cette guerre : Plus rapides, plus puissants et ne laissant aucune trainée dans leurs sillages. Les longues lances filaient silencieusement vers leur proie, telles les flèches explosives d’un samouraï des temps modernes.

 

 

 A 23h35, le bruit de trois explosions se fit entendre.  Le commandant, l’œil collé à son périscope, observe et analyse son tir. Le navire Américain présente deux, peut-être trois impacts sur tribord. Il constate que sa cible est stoppée et commence à gîter et à tanguer. Il estime que le navire n’est que blessé et ordonne de plonger à 100 pieds pour se réaligner et réarmer ses tubes lance torpilles. Il ignore encore que l’USS Indianapolis est mortellement touché.

 

Deux des torpilles frappèrent le croiseur de leurs 400 kg de charge explosive. Bien par le flanc droit, sous la ligne de flottaison, un tir presque parfait. L’une d’elle transperça la coque au niveau de la soute à munitions. Le stock d’obus de 400mm  explosa, transformant instantanément le navire en torchère. De l’huile et de l’essence inondaient tous les ponts, s’enflammant aussitôt dans le brouhaha des cris et le bruit des explosions. Le navire sombra en douze minutes aux coordonnées 12.02 Nord et 134.48 Est par près de 4900 mètres de fond. On ignore si le message de détresse du Commandant Charles Butler McVay fut expédié ou entendu, mais les explosions et le naufrage firent perdre la vie à près de 300 hommes d’équipages sur les 1199 marins présents,  les autres, près de 900, se jetèrent à la mer.

 

 

A 0h30, le commandant Hashimoto relève son périscope, mais l’Indianapolis a disparu. Après constatation et officialisation du torpillage, le commandant Mochitsura Hashimoto demanda à l’officier de navigation de reprendre  la manœuvre. A très faible profondeur, il fit faire une large boucle à son navire pour confirmer le succès de ce tir. Il savait bien que la marine Nippone était équipée des meilleurs sous-marins, mais les tirs de torpilles étaient souvent des coups d’épées dans l’eau. Rares étaient les succès tels que celui-ci. Avec fierté, sans haine ou satisfaction, dans la promiscuité de son alcôve de métal humide, il consigna calmement les évènements de la nuit et ordonna de faire recharger les batteries et de reprendre route vers le Nord, à pleine vitesse. A ce moment là, Mochitsura Hashimoto ignorait que s’il avait coulé ce bateau cinq petits jours plus tôt, il aurait changé le cours de la deuxième guerre mondiale et le cours de l’histoire.

 

  

 

Pendant ce temps, seuls et ignorés de tous,  les marins de l’Indianapolis se laissèrent  flotter dans une eau glacée. Sous leurs pieds se débattant et leurs mains s’agrippant, près de cinq kilomètres d’eaux noires, froides et terrifiantes. Dès le deuxième jour, les premiers requins firent leur apparition, au départ curieux et observateurs,  ils prirent peu à peu de l’assurance, et souvent venaient heurter et frotter jusqu’à la brulure, les peaux déjà rongées par le sel. Les hommes se regroupèrent, formant des cercles de défense, ultime rempart face à la mort qui montait du fond.

 

 

 

Requin blanc, tigre, marteau, baleine, bouledogue, pèlerin, lézard, chat, cornu, taureau, zèbre, citron, nourrice, scie, crocodile, épée, endormi, corail, bleu, moine, crocodile, récif, sable, cornu, buffle, long nez, tacheté : Quelque que soit le nom qu’on lui donne, il reste dans la mémoire collective, l’image de la mort. Requin, Requiem, dernière vision d’une vie puis prière pour les âmes des défunts, une même étymologie pour une même fin de parcours.

 

  

 

 Une peur collective, sublimée en juin 1975, par un jeune réalisateur, Steven Spielberg, dans le premier des  blockbusters Américains, Jaws, les dents de la mer. Quint, le patron pêcheur du film, dans son dernier monologue, raconte sa mésaventure à bord de l’Indianapolis, et se focalise sur sa peur et la férocité des requins. A l’instar du Capitaine Achab, dans le célèbre roman d'Herman Melville, Moby-Dick, il n’a qu’un désir de vengeance, lui envers les requins, l’autre envers le cachalot. Tout deux connaîtront la même fin, mais dans son discours accompagné du chant Spanish Ladies, Quint occulte simplement la guerre, la souffrance, et la raison de sa présence ici : La livraison, trois jours plus tôt  des deux gadgets atomiques sur l’île de Tinian et les terrifiantes conséquences de leurs largages.

 

 

 

A l’aube du troisième jour, les requins, par centaines, venaient piocher dans ce garde-manger vivant. Certains hommes devenaient fous, les cris et les bagarres s’ajoutaient à la peur et à l’épuisement. Le quatrième jour, le moral était au plus bas, beaucoup avaient périt, c’est alors qu’un avion de patrouille repéra les naufragés. Le premier avion de secours à rejoindre le lieu du naufrage fut l’hydravion PBY5A Catalina, du lieutenant Adrian Marks. Aussitôt, il largua sur le site trois radeaux de survie.

 

  

 Horrifié par le carnage qui se passait sous ses yeux et en accord avec son équipage, il décida de poser l’avion sur l’eau contrairement aux consignes reçues. L’avion, conçu pour des amerrissages sur des surfaces calmes, ricochait sur les vagues dans des bonds de plus de cinq mètres. Finalement, le bimoteur s’immobilisa avec seulement quelques dégâts matériels.

Le Lieutenant prit la décision de sauver en priorité les hommes isolés, proies plus faciles pour les prédateurs. Lançant filins et crochets, il remonta à son bord, un, puis deux, puis dix, et enfin 56 hommes. Certains dans la carlingue, d’autres allongés sur les ailes et les flotteurs, maintenus par des harnais de fortune fabriqués avec les parachutes du bord.

 

 

La nuit fut longue et froide, les hommes gémissaient et l’avion flottait comme une brindille, sans ancre ni attache, simplement immobilisé par son poids. Et puis au loin, à l’horizon, une lumière redonna espoir aux rescapés, le destroyer Cecil J. Doyle arrivait plein régime vers eux. Tous les hommes accrochés à l’avion furent montés à bord et sauvés. Pour des raisons de sécurité, il fallu attendre le lever du jour pour commencer le repêchage des autres hommes flottants dans leur gilet de sauvetage. L’hydravion fortement endommagé sombra à la presque verticale de l’USS Indianapolis. En tout, 317 marins furent sauvés sur les 1199 présents à bord.

 

 

 

 

Le lendemain du sauvetage des rescapés de l’USS Indianapolis, le 6 août 1945, à 2h45 du matin, en surcharge, Enola gay s’envola péniblement de la piste de l’aéroport de Tinian. Enola Gay était un B-29-45-MO de l’U.S. Army Air Force’s fabriqué sous le N° de série 44-86292. Son pilote, Paul Tibbets l’avait surnommé ainsi en hommage à sa mère, sa bonne étoile. A son bord douze homme d’équipage et une bombe atomique de quatre tonne : Little boy. Recouverte de signatures et d’injures à l’égard des Japonais, la bombe est armée en vol à 8h13 et après 43 secondes de chute libre, elle explose, à 600 mètres du sol et à la verticale de l’hôpital de Shima à Hiroshima. Dans un grand virage serré à 155° en direction du Nord-Ouest, Enola Gay s’était déjà éloigné. Sous ses ailes, 75000 personnes avaient trouvé instantanément la mort, brulées, projetées, soufflées, ensevelies ou asphyxiées et 200 000 autres étaient en sursis sans le savoirTrois jours après, dans les mêmes conditions, Charles Sweeney  de son B-29 larguera la deuxième bombe, Fat Man, sur la ville de Nagasaki. Le bilan fut presque aussi meurtrier.

 

 

 

 

Le 14 août, dévasté par les bombes Fat man et Little Boy, le Japon capitulait. Les pilotes des bombardiers B-29 furent décorés, le Commandant Charles Butler McVay passa en cour martiale pour avoir laissé son navire l’USS Indianapolis vulnérable aux torpilles en ne zigzagant pas dans une zone à risques.

 

 

 

 

Le commandant Mochitsura Hashimoto, prit la défense du Commandant Butler en précisant que son mode de navigation n’aurait rien changé aux évènements. Le 11 octobre 2000, Bill Clinton signa la résolution du congrès pour exonérer le Capitaine McVay  de la perte de l’Indianapolis.

 

 

 

 

En revanche, la marine Américaine n’avoua jamais avoir négligé les trois  SOS expédiés par l’Indianapolis.  Trois stations radio avaient reçus le signal, dans la première le commandant était ivre, dans la seconde il était absent, dans la dernière, il cru à une blague. Enfin, Le corps du jeune sous-lieutenant H.J Green, quant à lui,  ne fut jamais retrouvé. En août 1945, le président des Etats-Unis d’Amérique s’appelait Harry. S. Truman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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